Séminaire à Metz


Véritable colonne vertébrale de l'ACF, ce lieu d'études des textes fondamentaux de la psychanalyse est avant tout un moment où des cliniciens et tous ceux qui sont intéressés par le discours analytique peuvent se rencontrer et questionner leurs pratiques professionnelles, institutionnelles, mais aussi éthiques et culturelles. Dans chacune des villes où il se tient, l'équipe en charge lui donne un style et un ton propre.

.

Séminaire d'étude à Metz

2024-2025

L'Acte psychanalytique

Ce Séminaire marque un tournant. Il traite d'une question et d'une seule, à laquelle Lacan n'avait jusqu'alors répondu que de biais : qu'est-ce qu'un analyste ? Réponse : c'est un analysant (mot que Lacan substitue à celui d'analysé) qui a mené à son terme l'expérience analytique. Quel est ce terme idéal ? Pour le savoir, il convient d'articuler la logique du parcours d'une analyse. À son commencement, il y a un désir inédit, qui suppose un franchissement, c'est-à-dire un acte, à l'instar de César passant le Rubicon. Cet acte est celui de l'analysant, mais l'acte psychanalytique proprement dit, c'est le psychanalyste qui l'accomplit, en ouvrant à cet analysant le champ dit du « sujet supposé savoir » où se déchiffre l'inconscient. Au terme, le s.s.s. s'évanouit, tandis que l'analyste, son support, est évacué comme le déchet de l'opération, tel Œdipe finissant sa vie les yeux crevés. L'analysé devenu analyste prend son relais. Et pourquoi ? – alors qu'il sait maintenant ce qui l'attend.

Quelques leçons sont consacrées à la logique de la quantification, dont Lacan commence l'exploration, qui débouchera plus tard sur sa théorie de la sexuation.

La conclusion, inopinée, voit Lacan commenter à chaud les événements de Mai 68, contemporains de la fin du Séminaire.

Jacques-Alain Miller.


Les séances auront lieu les mercredis 20/11, 18/12 2024.15/1, 19/2, 19/3, 16/4, 21/5, 18/6 2025.

Résidence Pilâtre de Rozier, 2, rue Georges Ducrocq 57000 Metz.

contacts : Fabrice FERRY - ferry-f@numericable.fr        Valérie CHEVASSUS - valerie.marchionni@gmail.com

Séminaire d'étude à Metz du 16 octobre 2024.

Lors de la première séance de notre séminaire, nous avons lu ensemble et commenté deux textes extraits du blog des J54 : celui de Antonio di Ciaccia : D'où opère une phrase marquante (Frayages) choisi par Anna Stecca et celui de Laurent Dupont : Le marquant et la marque (Frayages) choisi par Fabrice Ferry.

Antonio Di Ciaccia relève la phrase marquante adressée par le spectre de son père à Hamlet qui lui demande de parler à sa mère, de « s'interposer entre entre elle et son âme ». Se glisser « between her and her », c'est aussi de cette manière que doit opérer l'analyste : « Le travail de l'analyste est de se glisser dans cette division subjective [...] pour mettre en mouvement la pulsation de l'inconscient. » Pour ce faire, l'analyste doit occuper une certaine position qui correspond à une autre phrase marquante, celle que Socrate souffle à Alcibiade : « Là où tu vois quelque chose, je ne suis rien. » L'analyste doit parler depuis un vide, « un vide de tout ce que l'analysant lui attribue » et qu'il obtient à partir de sa propre analyse par le processus de la traversée du fantasme. Ainsi sa place est celle « qu'il doit offrir vacante au désir du patient » et à son propre « désir inédit », celui de l'analyste.

Laurent Dupont montre comment l'analyse freudienne procède par révélation de « vérités marquantes » qui deviennent cependant au cours de l'expérience analytique des vérités trompeuses : « Il y a donc un chemin de l'analyse qui va de vérités en vérités, de phrases marquantes en phrases marquantes, et puis, il y a un au-delà, un repérage de la jouissance propre du sujet, qui échappe à la vérité et qui n'est pas sans lien avec la passe et la traversée du fantasme. » Il s'intéresse à la phrase marquante du fantasme : celle-ci vise un réel et révèle la marque de jouissance portée par l'objet a. Comment « réduire » la phrase marquante et dégager l'objet ? C'est là l'enjeu d'une analyse menée jusqu'à son terme.

La prochaine séance de notre séminaire aura lieu le 16 octobre 2024, à 20h30, à la Résidence Pilâtre de Rozier, 2, rue Georges Ducrocq à Metz.

J. C. Weisdorf, M. J. Prim, D. Guilleminot présenteront les textes qu'ils ont choisis : Phrases lues sous transfert de Hélène Bonnaud (Frayages), De la fraternité de A. E. Labenne (Résonances) et Phrases marquantes entendues dans l'enfance, faisant destin, après-coup, trauma de J. L. Monnier (Axe 1)

D'autres textes peuvent être proposés par d'autres participants s'ils le désirent !


Séminaire d'étude à Metz du 18 décembre 2024.

En novembre nous avons débuté l'étude du Séminaire XV L'acte psychanalytique. Nous sommes revenus sur les circonstances de la tenue de ce Séminaire en 1967-68., au « midi » de l'enseignement de Lacan commencé en 1953 et marqué par les événements de mai 68 pour lesquels Lacan ne cache pas sa sympathie.

Lacan a fondé en 1967 l'Ecole Freudienne de Paris. Dans deux textes de 1967, Discours à l'Ecole française de Paris, et Proposition du 9 octobre 1967 sur l'analyste de l'Ecole, il insiste sur ce qui fait l'analyste, et ce qui fait l'analyste, c'est son acte.

Ces deux textes sont contemporains du début du séminaire XV. Lacan, avec sa proposition du dispositif de la passe – la passe rend compte du passage à l'analyste à partir d'une logique dégagée dans la cure – se heurte à une opposition : on l'accuse de promouvoir les non-analystes, de remettre en cause la hiérarchie. Pour Lacan, le désêtre marque la fin de l'analyse. Lacan s'oppose à ceux qui croient qu'ils le sont, analystes. On ne peut pas se targuer d'être analyste comme d'un privilège de naissance ou d'une position hiérarchique.

C'est dans cette ambiance de révolte, de pensée disruptive, que Lacan commence son séminaire en 1967.

Après la lecture du Chapitre 1 : « Acte et action » de l'Introduction, qui nous a permis entre autres de revenir sur l'aphorisme de Lacan sur le transfert dans le Séminaire des 4 concepts : « Le transfert est la mise en acte de la réalité de l'inconscient », nous abordons le chapitre 2 : Connerie de la vérité p. 29 à 48, avec une présentation de Fabrice Ferry.

Nous pourrons lire, en préparation à cette séance, le texte de Hélène Bonnaud, « La connerie de la vérité », sur l'hebdo-blog de juillet 2024 : https://www.hebdo-blog.fr/la-connerie-de-la-verite/