Institut de l'Enfant ...le CIEN à Metz

« Grain d'Sel » Laboratoire du Cien / Metz 

(Centre Interdisciplinaire sur l'Enfant)

Nos activitées et rencontres

Rentrée du CIEN de Metz    2024-2025        

Face au malaise croissant dans les espaces institutionnels et sociaux, les professionnels de l'enfance et de l'adolescence échangent chaque mois autour de leurs expériences singulières. Le laboratoire     Grain D'Sel» du Centre Interdisciplinaire sur l'Enfant (CIEN) " est un dispositif de conversation interdisciplinaire qui permet à chacun, à partir du lieu de sa discipline de soumettre ses questions ou ses impasses, de témoigner de ce qu'il rencontre et de s'enseigner de l'expérience de l'autre. Cette année, nous travaillerons plus particulièrement autour du thème « rêves et fantasmes chez l'enfant...

L'Empathie est le nouveau mot d'ordre de l'Ecole qui prend le relai de la société. L'Empathie pour contrecarrer le Harcèlement pendant que dans les cours de récréation, ça joue, ça court, ça crie. Dans les classes, ça pulse, ça chante, ça rit et chaque adulte -quelle que soit sa fonction- tente de répondre à ce qui se dit à cor-ps et à cri pour chaque enfant. Si l'empathie est la capacité à s'identifier à l'autre dans ce qu'il ressent, pouvoir répondre à un enfant de ce qu'il fait surgir par sa voix, sa parole ou son comportement procède d'une toute autre attention. A l'école et dans les institutions, les enfants nous parlent de leurs rêves, diurnes et nocturnes. Nous nous intéressons à inclure toute parole d'un enfant qui parle d'un lieu qui nous est étranger mais qui nécessite une oreille tendue et une réponse qui décale et invente. C'est ce que nous venons faire au CIEN, tendre l'oreille et y donner de sa langue, toujours singulière.

Le CIEN de Metz fera sa rentrée le Mardi 8 octobre 2024 à 20h30 à la Maison de la Culture et des Loisirs (MCL), 36 tue Saint-Marcel METZ.

Le laboratoire est ouvert à toutes les personnes travaillant en institutions avec enfants, adolescents et adultes.

Le CIEN se réunit tous les seconds mardis de chaque mois à 20h30 à la MCL

Dates prévues les Mardis, 8 octobre, 12 novembre et 10 décembre 2024 

                           les Mardis, 14 janvier, 4 février, 1er avril, 13 mai et 10 juin  2025

Responsables du laboratoire :  Delphine RIBERE; riberedelphine@gmail;com                                                                                                                    Fabrice FERRY;    ferry.fabrice08@gmail.com


 Consulter le site de l'Institut de l'Enfant /                                    Rêves et fantasmes chez l'enfant

 Institut Psychanalytique de l'Enfant   https://institut-enfant.fr  

Argument

De nos jours, nous assistons à un effondrement du savoir sur l'enfant et à un désintérêt de sa parole : rejet de la clinique et déni de l'inconscient. Les théories neuropédagogiques et comportementales participent de l'impératif actuel qui régit le monde de l'enfance : devenir un individu autonome et performant. Notre époque nous oblige ainsi à revenir de manière minutieuse sur ce qui définit l'inconscient de l'enfant, ses rêves et fantasmes, ou pour le dire avec Freud, « le travail mental1 » que peut réaliser un enfant, comme c'est le cas du petit Hans, lorsqu'il est confronté à un réel qui ex-siste au sens. La prochaine journée de l'Institut psychanalytique de l'Enfant du Champ freudien, « Rêves et fantasmes chez l'enfant », est donc une invitation à reprendre le fil de ce qui détermine et distingue la subjectivité d'un enfant d'un réel traumatique hors structure. Cette distinction, que nous déplierons et qui constitue le fer de lance de l'orientation lacanienne, s'avère tout autant fondamentale pour la pratique en cabinet qu'en institution.

1Freud S., « Analyse d'une phobie chez un petit garçon de 5 ans (Le petit Hans) », Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 2006, p. 168.

Les troubles des enfants dans les familles

Les enfants n'écoutent rien, piquent des colères, en font voir de toutes les couleurs à leurs parents exaspérés, épuisés, dépassés. Les configurations familiales évoluent, mais toujours ça part en crise.
Est-ce le respect du père qui se perd ? la « charge mentale » des femmes qui vire au burn-out maternel ? Comment l'enfant joue-t-il sa partie dans les affaires de famille ?

Hyperactivité, trouble de l'attention, hyper-sensibilité... on impute à l'enfant divers « troubles » et on somme les parents de s'éduquer à la parentalité pour mieux les « gérer ». Les discours éducatifs font rage. On prêche le Père législateur universel ou sa déconstruction systématique. Tous bâtissent de nouveaux idéaux écrasants.

Lacan note dès 1938 le « déclin social de l'imago paternelle », mais sans nostalgie. Père et mère ne sont pas des places définies à l'avance. L'arrivée d'un enfant y convoque. Fustiger toute autorité parentale, croire à l'autodétermination de l'enfant, ce serait effacer le temps de l'enfance.

Avec les contributions de Jacques-Alain Miller et Éric Laurent
En librairie le 16 novembre 2023 et notamment sur ECF-Echoppe.com


Écrire les sexes aujourd'hui 

Extrait du trait du CIEN 19 en PDF ci-joint ... texte de Marie-Cécile Marty« Je suis une petite fille trans » 

Marie-Cécile Marty, laboratoire « Déprises scolaire et familiale chez les adolescents : les réponses des adultes », à Lyon 

  « Je suis une petite fille trans »

Les témoignages d'enfants et de parents d'enfants qui ne se reconnaissent pas dans le sexe qui leur a été attribué à la naissance sont aujourd'hui très médiatisés. La sexuation des enfants, ça ne va pas de soi ; c'est précisément le sens de la découverte freudienne.
« Je suis une petite fille trans »
« Je suis une petite fille transgenre. Il y a quatre ans, ma mère est venue ici raconter mon histoire. Ces quatre dernières années je n'ai suivi qu'un seul chemin : celui du bonheur. Il est nécessaire de rappeler que moi seule ai le droit de dire comment je me sens. Je veux aussi dire que j'ai eu la chance de naître dans mon village. Là-bas, tout le monde sait que je suis différente, une fille transgenre. Le plus important dans tout ça, c'est que mesdames messieurs, vous qui vous dédiez à la politique, malgré les menaces, continuez de voter des lois qui reconnaissent la diversité de chacun, et surtout que les personnes trans aient le droit d'être qui elles sont vraiment.
Ne laissez pas les gens nous priver de ce bonheur. Merci. » C'est ainsi qu'Elsa, 8 ans, s'est adressée devant l'Assemblée régionale d'Estrémadure en Espagne en décembre 2019. La fillette est intervenue dans le cadre d'une séance consacrée à la lutte contre les LGBTQ phobies et le harcèlement scolaire dans le pays. Trente ans après la Convention Internationale des droits de l'enfant qui donne place à « l'écoute et la participation des enfants aux décisions les concernant en tenant compte de leur spécificité, de leur capacité de discernement », la vidéo d'Elsa a suscité de vives réactions, des réactions émues appelant à reconnaître la différence et d'autres, indignées par une possible instrumentalisation de l'enfant par sa mère pour faire connaître son association « Triangulo ». En décembre 2020, après Bambi, Les invisibles, Les vies de Thérèse, Adolescentes, Sébastien Lifshitz présente le documentaire Petite fille, qui raconte l'histoire de Sasha, un petit garçon qui voudrait être une fille. Interviewé sur France Culture début décembre 2020, Sébastien Lifshitz indique que dans chacun de ses documentaires, il s'agit pour lui de filmer des « vies d'anonymes qui incarnent l'époque et de les sauver de l'oubli ». Il pose des questions dans ces rencontres, comme par exemple : « Quand on est décalé, comment gérer cette différence ? » Il précise par ailleurs que « les individus qui résistent aux injonctions, à la norme, sont des héros » pour lui, comme Sasha, « même si elle n'a pas de discours pour le dire ». Il est également sensible aux combats des mères pour leur enfant. Enfin, Sébastien Lifshitz indique son intérêt particulier pour « la question de l'identité de genre » et désirait particulièrement avec Petite fille « trouver une histoire qui indique que ce trouble n'arrive pas à l'âge adulte mais très tôt dans l'enfance ». 7 Freud n'a cessé de mettre au premier plan le rôle joué dans la sexualité par le facteur infantile « dont nous gardons les traces les plus profondes dans notre vie psychique 1 ».
Dans ses Trois essais sur la théorie sexuelle, il s'intéresse à « la singulière amnésie qui dissimule à la plupart des hommes (pas à tous !) les six ou huit premières années de leur enfance 2 » : « On nous rapporte en effet que pendant ces années, dont nous ne gardons plus tard en mémoire que quelques bribes de souvenirs incompréhensibles, nous avons réagi avec vivacité aux impressions, que nous étions capables d'exprimer à la manière humaine la douleur et la joie, que nous avons manifesté de l'amour, de la jalousie et d'autres passions qui nous agitaient violemment à cette époque, et même que nous avons émis des propos que les adultes ont retenu comme preuves de notre pénétration et de l'éveil de notre discernement. 3 » Les traits essentiels de la pulsion sexuelle se forment dans un complexe « assemblage de différentes sources 4 », avec des moments de fixations, de déplacements, de réaménagements successifs et une part d'inachèvement jusqu'aux remaniements des identifications lors des métamorphoses de la puberté.
Alors, comment accueillir, faire place à cette différence, tout en laissant du temps au petit sujet pour grandir et trouver sa vérité comme être-pour-le-sexe ?

1. Freud S., Trois essais sur la théorie sexuelle, Paris, Gallimard, 1987

p. 96. 2. Ibid.,  p. 95. 3. Ibid.,   p. 95. 4. Ibid., p. 93.